Début août 1132, saint Bernard, premier abbé de Clairvaux, et une douzaine de compagnons fondent, sur les bords de l’Escaut, une nouvelle abbaye sur des terres offertes par Hugues d’Oisy, châtelain de Cambrai.
Vallis cella – le monastère de la vallée – est la 11e fille de Clairvaux, la 58e de Citeaux, l’ordre monastique en plein expansion en ce XIIe siècle.
Dessin de l’abbaye – Vue du XIIe siècle
Durant plus de deux cents ans, l’abbaye de Vaucelles connaît une prospérité remarquable. A la mort de saint Bernard, en 1153, elle compte 103 moines et quelque 300 convers (religieux chargés des travaux domestiques).
A la fin du XIIIe siècle, l’abbaye, placée sous la protection des papes et des rois de France, s’est dotée d’une nouvelle église monumentale, de deux cloîtres et de très nombreux bâtiments.
Elle accueille, précieuse relique de la Chrétienté, une épine de la Couronne du Christ offerte par saint Louis. Elle compte 140 moines, 300 convers, possède 3 000 hectares de terres, bois, vignes, dans un rayon de 200 km.
A partir des années 1330, quand débute la guerre de Cent ans, elle entre dans une longue période de troubles et de difficultés, le Cambrésis, zone frontière, étant en permanence arpenté par les seigneurs de guerre, soudards et autre brigands. Plusieurs fois, elle est attaquée, pillée, dévastée, ruinée, reconstruite.
Dessin de l’abbaye – Vue du XVe siècle
Au XVIe siècle, l’abbaye accueille, à vingt-sept ans de distance, deux épisodes d’importance de la diplomatie européenne.
A l’été 1529, Louise de Savoie, mère de François Ier, y est reçue avant d’aller signer à Cambrai la paix dite des dames avec Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas et tante de Charles Quint.
A partir de 1556, les délégations du roi de France Henri II et du roi d’Espagne Philippe II y négocient, pendant plusieurs semaines, la trêve de Vaucelles.
Deux ans plus tard, à l’automne 1558, de nouvelles négociations aboutissent au traité du Cateau-Cambrésis, signé les 2 et 3 avril 1559.
A la Révolution, l’abbaye est déclarée bien national ; les ordres monastiques sont supprimés. En avril 1790, les derniers moines quittent les lieux. L’abbaye est vandalisée, laissée à l’abandon.
Pendant un siècle, le site va servir d’entrepôt, de carrière de pierres, de cour de ferme : l’église, les cloîtres, l’infirmerie, les cuisines, le réfectoire sont détruits. Un atelier de filature est installé dans l’aile des moines.
Le palais abbatial est acheté par une dame qui en fait son logement. En 1917, l’abbaye se trouve sur la ligne Hindenburg, zone de défense fortifiée par les Allemands. Dans leur retraite, ils incendient la ferme voisine.
Dessin de l’abbaye – Vue du XXIe siècle
Classé Monument historique en 1920, l’abbaye est quasiment laissée à son sort, peu à peu submergée par la végétation. Quand Alain et Marie-Maxellende Lagoutte l’achètent en 1971, on distingue à peine les pierres émergeant de vagues d’arbres et de broussailles. Pendant cinquante ans, ils se consacrent à son sauvetage, son embellissement, sa valorisation.
Le Département du Nord en fait l’acquisition en décembre 2017, avec l’ambition de poursuivre le travail engagé et de développer la programmation artistique et culturelle.